domingo, 23 de septiembre de 2018

LES TROGNES DE PEUPLIER NOIRS DE LA HAUTE ALFAMBRA EN ARAGÓN

Lors d’un périple en Aragon cet été, nous avons eu la chance d’être guidés le directeur du «Parque Cultural del Chopo Cabecero del Alto Alfambra». Chopo cabecero désigne en fait le peuplier noir têtard, arbre emblématique de la région. 

Ce parc culturel créé en 2018 vise à la protection et la promotion des peuplements de Populus nigra et du biotope les entourant. En dehors de l’aspect purement écologique, il a pour objectif de promouvoir les aspects culturels régionaux liés à la présence des peupliers. La conservation du patrimoine local fait partie de cette mission. 


Vaste programme qui ne peut être que bénéfique pour cette région isolée, victime d’un exode rural massif. Nous sommes ici dans l’est de la province de Teruel, dans le sud de l’Aragon


La faiblesse des investissements nationaux (transports, réseaux de communications, etc.) contribue à accélérer ce phénomène de dépopulation. Cet abandon de Madrid est régulièrement dénoncé par les forces vives locales, regroupées notamment dans le collectif «Teruel existe!». Reste à espérer que les initiatives telles que la création de ce parc culturel puissent endiguer le phénomène. C’est tout le bien qu’on leur souhaite ! 


Une succession de chaînes montagneuses couvre le sud de la région. C’est là que naît la rivière Alfambra, dans la Sierra de Gúdar (culminant à 2.028 m d’altitude) avant de se frayer un chemin au creux des plateaux semi désertiques de l’Aragon. Ces plateaux battus par les vents, connaissent un climat très rude. L’été très chaud est plus court que l’on imagine sous ces latitudes. En cette saison, la sécheresse est interrompue par de violents orages provoqués par les masses d’air qui venant de Méditerranée, percutent les sommets des sierras. Les hivers sont glacials. 


Ce qui frappe dans ce décor, c’est l’absence des arbres (à l’exception des étages montagneux ou réapparaissent les pinèdes). L’aridité des plateaux n’est pas la principale responsable de cette situation. Comme souvent, il faut se tourner vers l’activité humaine pour en trouver la cause. 


Au Moyen-âge, cette région d’Aragon connaît un développement très important de l’élevage ovin. La production de laine est exportée un peu partout en Europe (Flandres, France, Italie). Cette prospérité se voit encore aujourd’hui dans la taille impressionnante des bâtiments d’époque, en particulier des églises de village aux magnifiques clochers Mudéjar. Ce pastoralisme intensif est le principal responsable de la disparition des arbres. Pourtant le bois reste une matière indispensable, que ce soit pour la construction ou pour le chauffage par exemple. C’est ici qu’apparaît notre «chopo cabecero». Le peuplier noir planté tout au long des rives de l’Alfambra et d’autres cours d’eau (Martín, Jiloca, etc.) va remplir ce rôle de fournisseur de bois «renouvelable» comme d’autres arbres têtards ailleurs en Europe


Les rives boisées offrent un contraste saisissant avec les paysages alentours. Une oasis tout en longueur qui s’étire sur des dizaines de kilomètres et qui peut compter plusieurs milliers d’arbres. Ces zones humides arborées forment des réservoirs uniques de biodiversité


Grâce à son «look» de trogne plutôt sympathique, au cachet qu’il imprime au paysage et aux multiples services qu’il a rendu à la population, le chopo cabecero fait l’objet d’une affection particulière de la part des habitants. L’association dont fait partie Chabier de Jaime, qui est à l’origine de la création du parc culturel est sans doute pour beaucoup dans le maintien des traditions locales autour du peuplier noir. Elle organise par ailleurs chaque année au mois d’octobre une Fête du Chopo Cabecero. On connaît l’attrait des Espagnols pour les fiestas en tout genre, mais une fête centrée autour d’une espèce d’arbre en particulier est un phénomène sans doute unique en Europe.



Il y aurait encore beaucoup à dire à propos de cette belle province de Teruel, de sa géologie particulière, de ses gisements de dinosaures ou de sa diversité ornithologique, mais la vocation de ce blog tournant autour de l’arbre m’oblige à en rester là.


 Les trognes et les habitants de l’Aragón vous accueilleront à bras ouverts !

Marc Meyer (Bruselas, Bélgica)

2 comentarios:

  1. On connaît l’attrait des Espagnols pour les fiestas en tout genre, mais une fête centrée autour d’une espèce d’arbre en particulier est un phénomène sans doute unique en Europe.

    Sencillamente maravilloso. Recuerdos

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